30 avril 2011

Photo 52 : loin

Loin.
Un thème qui immédiatement m'évoque le Japon.

L'étrange élasticité de la distance physique quand elle se combine à une distance psychologique.

Depuis le 11/03 le Japon me parait bien loin et pourtant, il n'a jamais été aussi présent quand mon quotidien. Bien sûr, j'ai des milliers de photos prises au Japon, mais l'intérêt du Projet 52 est justement de se plier chaque semaine à prendre la photo qui illustrera le mieux notre vision personnelle du thème donné.

Je me suis creusée la tête un moment. Plusieurs jours...
Et puis, j'ai ressorti mon guide de Tokyo. Celui qui, deux ans de suite, m'a accompagnée dans mes pérégrinations sans jamais faillir - une fois que j'avais intégré le système de découpage des rues tokyoïtes et leur absence de nom et de numéro.


Promener mon guide dans les rue de Paris, et le photographier avec un monument très symbolique de la capitale. Voilà mon idée !
Et non, pas la tour Eiffel ! J'ai opté pour la grosse meringue de Montmartre juste à coté de la maison.

Hier soir, au couché du soleil, me voilà donc parti avec mon moustachu qui m'a aidé dans mon entreprise. Une seule déception : aucun touriste nous a demandé son chemin ^^. J'aurai bien ri en montrant le plan de Tokyo !
Le résultat n'est pas tout à fait à la hauteur de mes espérances :  avec le peu de lumière, mon p'tit Lumix m'a expliqué que, non, il refusait catégoriquement de faire un avant plan net et un arrière plan flou. Même en bidouillant avec le mode macro... ha, les joies de l'auto-focus. Mais je ne lui en veux pas, le pauvre est très sollicité !



1 : devant les escaliers, en face de la Meringue


2 : sur le coté, avec des amoureux :)


3 : derrière, caché, pour les connaisseurs

Pour les infos ISO, il suffit de cliquer sur les photos. Je crois que je préfère la première mais j'hésite avec la troisième ! 
Et vous ?
Et une dernière pour la fin, qui n'a rien à voir avec le schmilblick :

Un escargot parisien : on le reconnait à sa baguette (dixit mon moustachu)

29 avril 2011

Challenge nuancier : une fin d'avril sur une note de blancheur



Le défi couleur du nuancier pour le mois d'avril était sous le signe du blanc.

Après le jaune, une couleur que je déteste, le blanc, une couleur qui n'en est pas vraiment une ! Cela rend encore plus piquant l'affaire quand il s'agit de se concentrer sur une teinte qui ne m'attire pas.



 D'abord, j'ai cherché le blanc dans la végétation, pris des photos de fleurs. Mais c'était trop facile, et puis, je voulais changer un peu de mes sempiternelles macros.
Alors, j'ai levé le nez, et j'ai regardé les arbres....


Une blessure pansée à la chaux
Écorce de boulot

Du bois vivant, mon regard a glissé au bois mort.
Celui qu'on peint, que l'on dissimule, et qui réapparaît quand la patine artificielle posée par l'homme se délite et s'écaille.
Et puis, il y a les clous, le métal qui rouille, le métal qui souille. Alors, pour finir, j'ai délaissé le bois...
Pour passer au blanc du banc qui n'en était plus un, tellement taché d'orange, tellement rongé.


Une palissade viellissante


Quand le métal s'invite...
Et pourrit à son tour...

28 avril 2011

La grenouille en vacances. Episode 3 : la tête dans les airs...

Depuis lundi, le stage peinture "expression libre" à l'atelier de la Cabane a commencé. Sur le pont à 10h, je pousse la porte grise pour entrer dans ce lieu clos si accueillant.


1 : enfiler sa blouse. C'est s'habiller exprès pour peindre, laisser derrière ses soucis, ses préoccupations, laisser aussi son stress, ses idées pour le boulot...
Se centrer. Ma blouse est violette, mon moustachu aux épaules larges n'est entré que dans une blouse corail spéciale humeur tonique !

Les jolies blouses !

2 : prendre sa feuille au format raisin. Comme je peins encore sur mon précédent tableau, je saute cette étape.

Le bac à feuilles

3 : trouver l'emplacement adéquat sur le mur. Anne vient nous accrocher notre feuille. Bien sûr, l'espace est partagé avec les enfants. Comme mon tableau est un peu encombrant, elle m'installe dans un coin, pour laisser de la place.

La réserve à punaises dorées

4 : choisir une couleur ! Voilà, le moment attendu : le choix initial d'une couleur qui me plaise. Pour commencer, la table-palette au centre de l'atelier propose un arc-en-ciel à porté de main qui satisfait largement mes envies. Je prends un pinceau, humecte la pointe avec une goutte d'eau, prend un tout petite peu de peinture. Me voilà repartie

La table-palette

5 : peindre. Pour cette troisième participation, se mettre à l'acte de peindre, devient simple. Ludique. Et j'intègre mieux le jeu et le geste. Une fois la peinture posée sur le papier, il faut retourner à la table-palette. Un chemin de quelque pas, une danse.

La grenouille en action, merci à Anne pour la photo

6 : attendre son tour, partager les pinceaux. Il y a trois pinceaux par couleur. Une circulation naturelle prend naissance autour de la table-palette. Comme des abeilles, sans se gêner, en faisant attention aux autres. Les plus petits ont parfois les coudes qui se baladent, les pinceaux qui hésitent et les mouvements saccadés.

Trois pinceaux par couleur, pas un de plus !

7 : demander un mélange. Quand on a épuisé les merveilles de la table-palette et ses couleurs joyeuses, ou quand on a envie d'une teinte précise, Anne fait un mélange. On part avec avec son couvercle et son pinceau, une nouvelle couleur à étaler sur son tableau.

Des mélanges sur mesure

8 : demander de l'aide, pour être toujours le plus à l'aise. Je demande à Anne qu'elle déplace une punaise, qu'elle m'apporte marche-pied, tabouret ou escabeau quand je me sens l'âme d'une aventurière de l'extrême.

Petits débordements...

9 : se lâcher, ouvrir les vannes. Être libre.
Le plus important. Cette étape est progressive, et contradictoire : être libre demande un effort conscient et pourtant, c'est en "éteignant" le cerveau qu'on y parvient. Quelque chose d'étrange et magique se produit. Et le tableau nous dépasse, nous amène ailleurs...

Être libre sans être seul...

10 : laisser le tableau derrière soi, à l'atelier, dans les archives. Emporter le bien être, ce moment que l'on s'offre et qui nous habite longtemps...

L'archivage des tableaux, pour repartir tout léger...

25 avril 2011

La grenouille en vacances. Episode 2 : les pieds dans la mer

Une mer de galets

J'ai vu l'océan.

J'ai même mis mes pieds dedans, le pantalon remonté sur les mollets. L'eau froide entre les doigts de pied, la caresse sableuse des vagues contre la peau. Une plage d'ocre dans la lumière rasante de fin de soirée, une mer de galets abandonnés par les flots, encore luisants. Des coquillages vides, une étoile agonisante d'une molle beauté, des algues charnues translucides, quelques déchets aussi.

Agonie



Du calme à perte de vue.

J'écoute le rugissement en sourdine des vagues et du vent mêlés. L'appareil photo à la main, le regard balaye et fouille. Des petits détails tristes et décalés. Je collecte les images et les souvenirs futurs tous imbibés d'humidité salée et d'iode piquante.


Aveuglée, je me traîne à demi-allongée dans le sable mouillé pour mieux cadrer, trouver l'angle adéquat qui rendra l'étrangeté. La brillance du sable et les reflets blanc magnésium brûlent les yeux.

Vite, soulever l'appareil quand l'océan se pointe discrètement ! Un bain d'eau salée pour mon p'tit Lumix ne me semble pas très recommandé. La pêche est miraculeuse. Et je ne me contente pas d'images.
Et hop, dans la poche, l'arapède au sommet blanc. Dans la poche aussi les petits coquillages irisés donc j'ignore le nom... Autant de trésors qui termineront dans mon vase à bambou, avec les morceaux multicolores de verres dépolis.

Coquillage contemporain

Le retour par la lande infestée de moustiques donne à la marche un rythme soutenu, malgré le sable qui alourdit les pas. Derrière les dunes, l'océan disparaît. Les plantes grasses cèdent le terrain aux aiguilles de pins. Bientôt, l'air marin lui-aussi nous déserte et le parfum lourd et chaud de la pinède envahit nos narines.
Retour à la voiture.
Derrière nous, dans la lumière rougeoyante tamisée par la brume, Oléron s'éloigne.

Soleil

Autoportrait de doigts de pied

Portrait de doigts d'arbre

Conditions extrêmes

24 avril 2011

La grenouille en vacances. Episode 1 : les mains dans la terre.


J'ai grandi à la campagne, la forêt à portée de regard, un terrain vague comme terrain de jeu. Les vaches et les blés sur l'horizon. Depuis des années, je vis, je respire à Paris. L'âme pulsante de la Seine remplace le sang de mes veines et je trouve sous le bitume des trésors et des rêves.

Mais, parfois, le bruit de la circulation, l'odeur étouffant des gaz d'échappement et surtout la présence de mes frères humains fatiguent mon être au point de saturation.

J'ai besoin d'espace, de nuages changeants, besoin d'arbres, de terre.
Partir chez des amis, être invitée dans une maison où les fenêtres s'ouvrent sur un jardin signifie que j'entends avec mes mains l'appel chantant de la terre. Le besoin inextinguible de gratter, désherber, tailler... Me traîner à genoux, me brûler les bras aux thuyas et cyprès, me casser les ongles, me salir.

Respirer les racines sèches et les feuilles humides, regarder les verts devenir violents et aguicheurs avant l'orage. Le ciel marque de ses couleurs la course de la journée et je rentre dans un autre temps.
Simple, primaire, reposant.




Les mains dans la terre,
Je me souviens
Du nécessaire
Les mains dans la terre
La vie devient
Une joie primaire




22 avril 2011

Photo 52 : Eau

Eau. Gaz, liquide ou solide. De la buée sur la fenêtre, le brouillard qui s'élève de la terre. Le glaçon qui craque dans le verre de pastis. L'eau fraîche qui désaltère, l'eau si chaude des onsen avec une odeur légèrement iodée. L'eau vive du torrent glaciale qui détend les pieds fourbus des randonneurs. L'eau croupie de la mare, l'eau de la nappe phréatique pompée par dizaine de litres par les saules et les peupliers gourmands.
L'eau de la source.
L'eau de notre corps. La sueur et les larmes.
Minérale et organique.


L'inspiration ne manque pas pour photographier cet élément. Avec la lumière, l'eau se joue des reflets tantôt miroir tantôt sombre qui s'abreuve du jour et ne laisse que ténèbres.
Des livres entiers d'images ne parviennent pas à saisir son éphémère et multiple beauté.
Pour le thème de la semaine du projet photo 52, j'ai retenu l'eau comme composant de vie, juxtaposant un trio de sève et eau vive.

1 Sève translucide

2 Eau vive

3 Sève ambrée


Informations sur les clichés :
1 :
ISO: 80
Exposition: 1/800 s
Ouverture: 2.8
Longueur focale: 5.5mm

2 :
ISO: 80
Exposition: 1/160 s
Ouverture: 5.9
Longueur focale: 22mm

3 :
ISO: 80
Exposition: 1/1000 s
Ouverture: 2.8
Longueur focale: 5.5mm

Maintenant, la grande question : laquelle sera sélectionnée ? Quelle est votre préférence ?!

19 avril 2011

Sabine, la ville onirique de Maya Mihindou


Ni une BD, ni un livre illustré, Sabine est un album fascinant sorti chez Venusdea, la collection avant-gardiste de chez Soleil. Sur plus de 150 pages, nous suivons les pérégrinations de trois enfants.


Voyage dans les forêts primordiales


La mort de l'aïeule, fondatrice de du village de Moabi, change les rythme, brise l'harmonie. Pour trois enfants, la disparition de la grand-mère l'Autre leur donne l'impulsion du départ.

Ils quittent leur nid douillet pour rebrousser les pas de la vieille femme. Ces pas l'ont conduit jusqu'à ce bout de terre perdu au bord du fleuve, depuis un lieu viciée, la ville, Sabine.
 Une ville hantée par des rumeurs de guerre et de violence dont l'ombre n'arrive pas à s'étendre jusqu'au coeur protégée de la forêt de Moabi.

 

Anys boude les mots et ouvre grand ses yeux sur le monde. Il est habité par les mémoires de l'ancêtre. Atteindre Sabine, c'est atteindre un peu des souvenirs de grand mère l'Autre. Les vivre aussi.
Les mots, Sacha lui les plient et les dévoient en mensonges, en histoire. Fils du conteur du village, il est avide de découverte, curieux comme un singe.
Bianca, plus âgée a déjà la morphologie d'une jeune fille. Mais la métamorphose en femme n'est pas celle souhaité. Biance rêve d'océan, de poisson. Elle veut devenir une sirène...


Alors, les enfants partent. En chemin, le deuil s'installe, les mémoires évoluent, les souvenirs de l'enfance se teintent de couleurs oniriques. C'est un voyage, mystérieux, initiatique. Un voyage qui capture le lecteur par des dessins étranges et des mots poèmes.

Une expression sauvage



Si les illustrations du début de l'ouvrage entrent dans des cases lâches de bande-dessinée, peu à peu elles s'étalent en pleine page, alors que le texte sort des images et prend vie. L'équilibre entre mots et dessins bascule.

Sabine hésite dans sa narration, prend des chemins de traverse, mais n'oublie jamais sa destination.
Et malgré les pauses et les détours, l'histoire ne perds ni de sa cohérence ni de sa poésie. On sent bien la jeunesse de l'auteur et sa liberté d'expression totale, absolue.



Certains trouveront peut-être Sabine d'un abord hermétique. Certes, il s'agit d'un ouvrage indépendant et nullement grand public. Sabine est une oeuvre artistique, intime.
Pourtant, elle n'oublie jamais le lecteur.
Elle ne l'abandonne pas sur la route.
Et l'universalité du propos et des émotions qu'elle véhicule touche les coeurs, faisant fi des différences de nationalités, de religions... On croise des enfants soldats, des enfants orphelins, des enfants d'une sagesse et d'une maturité d'adulte. Mais Sabine reste une lecture légère, vivante, heureuse !




Son auteur, Maya Mihindou a 26 ans. Métisse camerounaise à la peau caramel et au long cou gracieux, ses dessins lui ressemblent. Élégants, organiques, féminins. Mystérieux. Et d'une maturité précoce. Encore un peu vert et déjà une saveur unique épicée avec la promesse de nous surprendre encore de dans leur évolution futur.

Les dessins de Maya s'incrustent dans notre rétine, se logent dans notre cerveau, dans nos tripes. On les emmène aussi sur le chemin de nos vies pour qu'ils illuminent et enjolivent un peu les aventures fades de notre quotidien.

Maya est en dédicace : 
- samedi 23 avril, à la fnac Vélizy de 15h à 18h.
- jeudi 5 mai, à la librairie l'arbre à lettre République (Paris), à partir de 18h30.

Le blog de Maya Mihindou
http://corps-prehistoriques.blogspot.com/

Le début du livre en preview :
http://www.bdgest.com/preview-850-BD-sabine-recit-complet.html

Une chronique sympathique du bouquin avec un entretien :
http://madmoizelle.com/carnets/bd/2011/03/20/sabine-de-maya-mihindou

16 avril 2011

Photo 52 : Croissance

Le thème de la semaine "croissance" m'a laissé dubitative.

C'est aujourd'hui, par une journée ensoleillée, que j'ai daigné pointer mon nez hors de ma tanière.

Peu d'idées et surtout, peu d'idées réalisables.
J'aurai aimé photographier en macro les cernes de croissance d'un arbre. Mais abattre un platane à Paris risquait de déplaire à la mairie.
Voici les quelques clichés, avec en dernier, la sélection de la semaine.

1 : Courageuse

2 : Allumée

3 : Discrète 
4 : Coeur

L'élue de la semaine : Croissance

Informations techniques :
ISO: 80
Exposition: 1/500 s
Ouverture: 2.8
Longueur focale: 5.5mm