24 février 2012

D comme dédale





Dédale, d'après Le petit Larousse 2006 : n.m. (de Dédale, nom mythologique). 1 Lieu formé d'un ensemble très compliqué de voies où l'on s'égare ; labyrinthe. 2 Fig. Ensemble embrouillé et confus.


Dédale de bitume et de verre à Ikebukuro

Pour ce mot, je vais vous parler des cieux dédaléens de Tôkyô.
Si le système d'adresse sans nom de rue ni numéro rend la navigation délicate, une fois percé à jour, il est relativement aisé de se retrouver dans la ville.
Labyrinthe d'apparence, elle possède sa propre logique qu'elle révèle aux curieux et aux voyageurs pugnaces. Une fois intégré le principe du découpage en quartier et en bloc, on ne se perd plus. Certes, il est parfois difficile de trouver exactement où se situe un magasin, un café, l'appartement d'un ami. Avec un peu de temps, et l'aide précieuse d'une carte, on s'en sort toujours.


 
A Tokyo, le vrai dédale est dans le ciel.
Tous les fil électriques et les fils de téléphones sont accrochés aux façades, courent de poteaux en poteaux. Un paradis pour funambules.
La raison de ce paysage urbain est simple : les hoquets de la Terre rendent l'enfouissement risqué. Alors, le ciel est quadrillé de câbles. Ils relient les maisons, les immeubles, les immenses buildings, les feux de stationnement, les enseignes multicolores...



Et puis, il y a les routes suspendues. Trains et voies express s'entre-croisent au cœur même de la ville en un étrange mélange de bitume et de ciel. A Ikebukuro, un quartier que j'affectionne beaucoup, il est plus aisé de passer sous la gare par les couloirs complexes du métro que de trouver un tunnel ou une passerelle pour franchir l'édifice.
Tokyo est une ville où la circulation est autant verticale qu'horizontale. Et c'est là que réside le vrai défi pour s'approprier la ville. Maîtriser le sous-terrain avec son réseau de galeries abritant des centres-commerciaux, maîtriser l'aérien et ses passerelles, ses raccourcis entre deux buildings, ses escaliers mécaniques qui franchissent plusieurs étages d'un coup...

On dit qu'à New-York on reconnaît les étrangers car ils marchent la tête en l'air, les yeux rivés vers les cieux qui se découpent timidement entre les tours. A Tôkyô, on reconnaît les étrangers. C'est écrit sur notre visage. Mais je crois que là-bas aussi, marcher les yeux accrochés au ciel donne un regard différent sur la ville, vertigineux et si japonais.

Quand je vois dans nos campagnes un poteau électrique, la ligne infinie des câbles hacher le ciel avec précision, irrésistiblement, je pense au Japon...




1 commentaire:

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Marianne