30 juillet 2012

Dix jours débranchée !


Je m'absente une dizaine de jours loin de mon étang, pour profiter d'un bleu plus grand, plus salé aussi. Je n'aurai pas d'accès au web, mais je pars quand même avec mon netbook sous le bras, histoire d'écrire un peu, et surtout mes appareils photos !

Sur les derniers mois, j'ai trop délaissé cet espace. Mais, maintenant que j'ai exposé mon ressentie et ma position par rapport à la situation au Japon, c'est hors de question de jouer encore les grenouilles invisibles. Je vous laisse donc avec des messages déjà programmés !

Bonne vacances à ceux qui partent, et bon courage aux autres !

Direction les palmiers !

27 juillet 2012

Lecture estivale : 1Q84, tome 2



J'achète les livres plus vite que je ne les lis. Et souvent, il y a de l'embouteillage. Par cette chaleur estivale où beaucoup aiment dévorer des polard en faisant le homard à la plage, j'ai exhumer mon tome 2 de la trilogie 1Q84 par Murakami. Si vous n'avez pas lu le premier tome, je vous déconseille de lire cette chronique et commencer plutôt par le début !

Retour dans le monde aux deux lunes


C'est donc avec grand plaisir que j'ai retrouvé les deux protagonistes et narrateur Tengo et Aomame pour ce second volet.
Tengo attend que la bombe lâchée par la parution de la Chrysalide de l'air fasse son effet. Pourtant, il reste toujours en périphérie, n'est pas inclus dans la boucle. Il subit des dégâts collatéraux sans avoir les informations qui lui permettraient de comprendre la portée du livre. Il essaye donc de s'accrocher à son quotidien, à sa vie qui s'avère totalement bouleversé. Le souvenir de la fillette Aomamé qu'il a connu au primaire le hante jusqu'à devenir proche de l’obsession.

 Quand à Aomamé, elle poursuit son activité illicite pour la veille dame avec son dernier contrat : tuer celui à la tête des Précurseur. Sans le savoir, son destin se lie alors irrévocablement à celui de Tengo. Tengo qu'elle n'a jamais oublié...
Les étranges et inquiétants Little People deviennent également des personnages centraux et leur actions transpirent et s’immiscent dans le quotidien des personnages qui semblent désormais totalement englués dans cette année 1Q84. Un monde parallèle où certains voient dans le ciel deux lunes briller...

La virtuosité au rendez-vous

Le style de Murakami toujours aussi fluide et imagé nous offre sa poésie discrète. Si les actions sont parfois décrites d'une manière crue et sans fioriture, les émotions restent toujours retenues, subtiles. Et la langue simple mais maîtrisée, sert l'histoire avec une précision chirurgicale. Le travail de traduction et d'adaptation est vraiment de grande qualité.
La psychologie des personnages gagnent en profondeur. Quand à l'intrigue, posée avec minutie dans le tome précédent, elle prend une dimension encore plus étrange en abandonnant peu à peu ses atours manichéens.

J'ai trouvé ce second tome plus intime, plus secret. Si le passé des personnages a déjà été dévoilé, ce sont leur sentiments profonds que Murakami nous expose alors, avec une approche psychanalytique fascisante.
Seul bémol, le rythme est moins équilibré. Quelques longueurs sur le premier tiers du récit delaye trop la trame à mon goût.
Mais après, tout s'emballe ! Il est devient impossible de lâcher le bouquin alors que les destin d'Aomame et Tengo filent, tel deux météorites avec un point d'impact probable et si désiré. D'ailleurs, je m'empresse d'attaquer le troisième tome !



23 juillet 2012

Japonisme : 縛り- shibari - l'art de lier


Cette semaine, pour le projet japonisme, Anne a choisit un mot bien connu en occident : Shibari - 縛り. Associer généralement à la pratique érotique du bondage, il signifie à l'origine l'art de lier.
Les japonais ont développé pendant des siècles une tradition du paquet cadeau, du colis et de l'emballage. Nouer avec talent et esthétique des cordes, des ficelles mais aussi des tissus (furoshiki). L'art du nœud se retrouve dans de multiple aspect de la vie quotidienne comme sur les enveloppes !


Le mot shibari m'évoque aussi le mot kizuna, lien, qui a été choisit comme kanji de année en 2011. Alors, pour ce thème du projet "japonisme", j'ai choisi de mettre en scène deux omamori que j'avais acheté à Kamakura et Enoshima lors de mon premier voyage au Japon.


C'était en juin 2009, durant la saison des pluies. Les hortensias commençaient leur éclosion. Sous le filtre luisant de l'eau de pluie, ils décoraient de leur majesté bleu les paysages vallonnés des jardins des temples. Dans l'humidité tranquille, à l'abri d'un parapluie, j'ai rencontré pour la première fois kami et magie du Japon.
La promenade était calme. Nous avions croisé quelques touristes, quelques collégiens venus faire des prières pour leur examen.


A la tombée de la nuit, je me souviens d'Enoshima, tranquille.
Je me souviens de la mer d'hortensia.

Depuis ce printemps, les hortensias deviennent les fleurs symbole du "non" à la remise en route des centrale nucléaire par le peuple.



21 juillet 2012

Ce Japon qui n'existe plus...


J'ai commencé ce blog sous l'impulsion de mon second voyage au Japon, en 2010. Ce pays m'a donné l'inspiration, le courage de me lancer sur la toile, d'y exposer en public mes photos, mes écrits, mes avis, ma sensibilité. Depuis le début de l'année, ma présence s'est faite discrète. Mon étang, mon espace, est indéniablement lié au Japon et aujourd'hui, à sa douleur.

Le 11 mars 2011

La rencontre avec le Japon, sa culture et ses contrastes s'est faite en douceur, presque sans que je le réalise. Certains ont un coup de foudre, une révélation. Moi, je ne m'en suis pas rendue compte. Avec le temps, quand mangas, littérature, ouvrages d'art et livres de cours de japonais ont envahi mes étagères, j'ai dû me rendre à l'évidence : ce pays m'a séduite, conquise. Il est devenu mon pays de cœur, un refuge, un lieu physique, bien réel sur cette Terre où je pouvais me ressourcer, me reposer.

Et puis, il y a eu le 11 mars. Le tsunami, le choc. J'ai compris alors l'importance cruciale que le Japon avait dans ma vie. J'ai voulu aider. Je me suis informée, tentée de m’y retrouver dans le jargon technique, et puis j'ai écrit une série d'articles pour communiquer mon désarroi, mon envie d’aider. Très vite, j'ai compris que la catastrophe naturelle n'était pas le problème majeur, que le risque venait de l'accident nucléaire. Que ce sont nous, les hommes, qui avons avec nos mains et nos cerveaux, construit ce qui peut nous détruire, ravager les paysages, ravager la Terre.

J'ai voulu garder espoir. Croire qu'une société démocratique, technologiquement avancée comme le Japon qui a gardé un lien spirituel fort avec son environnement pouvait trouver des solutions, pouvait se sauver. Sauver sa population, sauver ses enfants. Circonscrire la zone polluée.
Je me suis trompée.



Choisir entre un mensonge doux et une vérité insoutenable

En février, je suis retourné à Tôkyô pour des raisons professionnelles. A cette occasion, je me suis informée de la situation là-bas. J'avais fait un break pour cause de moral dans les chaussettes et de sentiments ravageurs. Une impuissance totale. Ma quête de vérité a été amère.

D'un côté, les média ignorent le problème et donnent même une impression de retour à la normale. Et puis, la voix officielle, rassurante, comme le site de l'ambassade, ne cesse de répéter que tout va bien. Il suffit de ne pas entrer dans la zone d'exclusion. Oui, il y a un peu de radioactivité, mais rien de grave. Pas plus méchant que des examens médicaux avec une radiographie. Des messages que j'aimerais tant croire...

Et de l'autre côté, quand on fouille, que l'on va sur les sites tenus par les veilleurs de Fukushima, la réalité est horrible. Alors qui croire ? Qui croire quand il n'y a pas de juste-milieu, quand une information dit "pas de problème" et que l'autre dit "c'est désespéré". J'aurais tant voulu croire le message d'espoir, mais j'ai perdu mon innocence.



Les veilleurs de Fukushima sont une poignée de courageux, scientifiques et personnes comme vous et moi, qui consacrent leur temps à nous informer, à déchiffrer les documentations complexes, à expliquer, à vulgariser. Les veilleurs, certains au péril même de leur santé, se battent au quotidien pour révéler au monde la réalité de la contamination, des mensonges du gouvernement et des industriels.

Aujourd'hui, le Japon assassine son peuple. Les millions de tonnes de déchets radioactifs du Tsunami sont envoyés dans tout l’archipel pour être incinérées... Mais le feu ne détruit pas les radionucléides. Et une fois devenus poussières, infirmes particules, ils se répandent dans l'atmosphère, entrent dans le cycle de l'eau, contaminent la terre, les végétaux, animaux, et bien sûr, l'homme. Quasiment tout l'archipel du Japon est aujourd'hui contaminé à des degrés divers. Un empoisonnement insidieux, lent à des doses parfois infimes et pourtant, nuisible. Terriblement dangereux.

Source : http://one-world.happy-net.jp/ukeire/

Ouvrir les yeux et ne plus jamais pouvoir les fermer.

Je ne vous ferai pas un exposé de la situation. Si vous aimez le Japon, informez-vous, vous trouverez des liens en bas de l'article.
J'ai compris que ce n'était pas l'économie qui avait besoin de soutien, mais le peuple. Et son gouvernement, les industriels, les puissants ne font rien, au contraire.
Aujourd'hui acheter en provenance du Japon présente un risque. Consommer de la nourriture japonaise, c'est comme jouer à la roulette russe avec un révolver chargé avec des balles à blanc et une réelle. Au mieux on se blesse, au pire on se tue.

J'aurais tant voulu croire à un avenir radieux. A une reconstruction. Mais les mensonges, la cupidité, la soif de pouvoir et le refus d'assumer ses erreurs dictent leur loi mortifère. Avec le redémarrage des centrales, une partie de la population se soulève. Pour les soutenir, il suffit déjà de relayer les informations et d’arrêter de disséminer un angélisme criminel en prétendant que tout va bien.

Vous aimez le Japon ? Vous voulez soutenir le peuple ? Alors, ouvrez les yeux, faites circuler les informations, arrêtez de croire aux sirènes si tentantes qui prétendent que tout va bien. Arrêtez d'être dans le déni.

Jamais plus je ne pourrai inciter quelqu'un à partir en voyage au Japon et certainement pas y vivre.

J'y suis retournée avec une conscience des risques – probablement assez partielle d'ailleurs. Jamais, dans ma vie, je n'ai connu un sentiment de déchirure aussi fort. Je voulais apprécier, m'amuser tout en prenant des précautions – je suis partie avec de la nourriture. Mais là-bas, face au déni de la population qui n'a pas d'autre choix que vivre dans une terre empoisonnée, face à des familles, des enfants jouant dehors, j'ai compris.


Faire son deuil, et retourner au combat

Mon Japon, celui d'avant la catastrophe, mon Japon-refuge, mon Japon-poème n'existe plus. Le Japon des animés, le Japon de Miyazaki, le Japon des mangas, le Japon des romans, le Japon à la cuisine raffinée, le Japon fun et rigolo n'existe plus. Ce Japon là est devenu intérieur, un espace fantasmé. La réalité et sa contamination invisible qui répand la mutation, maladie et mort, grignotent toute l'archipel.
Et ce sont les hommes, les responsables...

Alors, je vous en prie, si vous aimez le Japon, sa culture, son peuple, ne répandez plus de mensonges. Si vous voulez soutenir, faites-le sans vous faire avoir. Ce n'est pas en "achetant" ni en faisant de la promotion pour un tourisme dans des lieux probablement souillés pour des millénaires qu'on apporte une aide aux hommes. Le vrai problème vient du nucléaire et de l'humain.

Je comprends qu'on retourne au Japon, comprend qu'on parte toujours là-bas. Je ne juge pas. C'est un choix personnel qu'il faut faire en connaissance de cause. Et je vous en prie, ne l'imposez pas à vos enfants. Prendre des risques pour sa vie est un privilège d'adulte. Tant de petits japonais voient leur avenir raccourci par la contamination, emmener ses enfants est d'une stupidité telle qu'elle en devient criminelle.

Il m'aura fallu plusieurs mois pour avoir le courage de faire cet article. J'ai conscience qu'il va en froisser certains, en mettre d'autres en colère.
Je ne colporte ni la peur ni l'angoisse. Je communique juste ma grande tristesse et la solution que j'ai trouver : m'informer, me protéger, agir en diffusant ce que je sais être vrai et juste, donner à des associations, des sites web qui agissent sur le terrain. Réfléchir à nos actions, à ce que notre mode de vie confortable implique sur notre Terre. Réfléchir à ses impacts.

Je n'entrerai pas les débats techniques sur l'usage du nucléaire. Je n'ai ni les connaissances scientifiques ni l'envie. J'ai choisi mon camp, celui de la vie.

Enfin, je vous demande d'être respectueux dans vos commentaires. Je vous rappelle que vous êtes ici dans mon étang, si le contenu ne vous plaît (plus) pas, rien ne vous oblige à rester. Je me réserve le droit de supprimer de façon totalement dictatoriale et abusive (non, en fait c’est pas vrai) toutes réactions que je trouverai insultantes, blessantes ou idiotes.


Pour conclure sur une note positive, à l’heure où j’écris ce texte, à Tokyo, tout les vendredis depuis des semaines, une foule toujours plus nombreuse se réunit pacifiquement pour dire “non” au nucléaire. Le 16 juillet, ils étaient 170 000 à crier leur colère, sous le symbole d’une fleur, l’hortensia “ajisai” en japonais.



Merci d’avoir pris le temps de me lire.
Voici des liens utiles sur le sujet :

1 Pour agir et s'informer
- L'association d’une amie franco-japonaise Aizen :

Je vous encourage à lire notamment les articles suivants, simples et pédagogiques :


- Le point sur l’état de la centrale et une pétition en cours :
- La liste des blogs des veilleurs francophone
- Le groupe facebook francophone des Veilleurs :

2 Pour aller plus loin
- Le dossier spécial Japon sur le site de la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité
- Le site de l’Autorité de Sureté Nucléaire sur le Japon
- Des informations quotidiennes en anglais et japonais sur la situation à Fukushima :


3 Mes autres articles sur le sujet :

18 juillet 2012

N comme noctambule


Noctambule d'après Le Petit Larousse Illustré 2006 : n. (lat. nox, noctis, nut, et ambulare, marcher). Personne qui aime sortir tard le soir, se divertir la nuit.

Si la nuit a toujours était propice à l'écriture, au dessin, aux longues promenades dans l’irréelle fixité de la ville, elle est moins compatible avec la photographie. A moins d'avoir du matériel sérieux – ce qui n'est pas mon cas – la prise de vue nocturne nécessite un savoir faire qui me fait cruellement défaut.

Mais, après tout, un projet photo sert aussi à s'aventurer dans les lisières de nos compétences, pousser aussi les appareils dans leur limites technologique. Sortir de sa zone de confort.

Voici la moisson de mes pérégrinations nocturnes. D'abord, un retour tardif à la maison, depuis une gare de banlieue. Ensuite, une ballade à Paris où la foire au Jardin des Tuileries bat son plein. Enfin, dans un petit village normand, le feu d'artifice du 14 juillet. Un pied m'aurait éviter bien des désagréments...


Myst and shadows

Light painting

Clichés parisiens

Happy up here



Un festival joyeux dans la pénombre

Three wishes

4 juillet 2012

M comme minuscule


Minuscule, d'après le Petit Larousse 2006 : adj. (lat. minusculus, de minor, plus petit.) Très petit.

Vu de la terre, avec des yeux humains, les étoiles et même les galaxies sont minuscules. Tout est une question d'échelle, de positionnement.
Dans une goutte d'eau, je vois des univers.


Dans le pistil d'une fleur se concentre la vie. Les choses minuscules me racontent des histoires infinies, elles m'inspirent l'impossible, me soufflent de continuer quand je suis fatiguée. L'essentiel se dissimule souvent dans ces détails minuscules qu'il est si facile d'oublier, ou pire d'ignorer.







Le projet Abécédaire est réalisé en collaboration avec Anne et Viny.