31 décembre 2013

Bye bye 2013 !



Pour ce dernier jour d'une année remuante et riche, voici quelques photos prises dans le Beaujolais en novembre. Alors que l’automne n'avait pas encore tiré sa révérence, l'hiver faisait déjà une incursion.




Les plaqueminiers me rappellent toujours le Japon des estampes, figé dans le temps, inaltérable.

Pourtant, la vie continue.




Des collines molles recouvertes de neige, lissées, proprettes.

Quelques trésors accrochés encore aux branches qui s'endorment. Dessous, au chaud sous les cristaux magiques, les graines du printemps à venir.

Je vous souhaite une belle fin d'année, à bientôt !


23 décembre 2013

Le bal des Échassiers : entrez dans la danse de vie et de mort



Ils sont minuscules, de petits êtres mignons qui vivent en symbiose avec la terre, l'eau, et la forêt. Mais chaque année, à la même période, a lieu le bal des Échassiers. D'immenses créature viennent danser, saccageant tout, ignorant qu'en dessous d'eux existent un autre peuple. Cette fois, le bal s'éternise et la survie des petits est menacée...

Des illustrations pour rêver.


Paul Echegoyen est un illustrateur discret et méticuleux, un rêveur qui n'a pas peur de s'engager. Il collabore avec Sébastien Perez, à l'écriture, pour nous livrer une fable à la fois écologique et humaniste.

En de large planche, Paul croque de son trait doux et fin le peuple des herbes et du sous-bois : des êtres adorable au corps couvert de fourrures et à la tête coiffés d'étranges chapeau qui évoquent des coquillages.

Il dépeint leur quotidien tranquille et paisible, en accord avec la Nature.
Les décors sublimes se composent de forêts verdoyantes, de cascades, de grottes éclairées par des champignons luminescent mystérieux.

Quand arrivent les Échassiers, ce peuple se réfugient sous terre, et attende patiemment que s'achève la danse. Quand elle continue toujours, un groupe de volontaires décide d'observer vaillamment les Échassiers et de trouver une solution.

Les géants sont longilignes, solaires, fluides et magnifiques. Des êtres qui flirtent avec le ciel, des êtres de joie et de vie et qui pourtant détruisent la forêt pour se nourrir. Ils sont aussi beau que les flammes, qu'une tempête. Une splendeur inquiétante, ravageuse.


Apprendre que l'autre existe aussi...


Les échassiers ne sont pas motivés par un appétit destructeur mais plus par l'ignorance et l'absence de réflexion sur les conséquences désastreuses de leur actions.
Ce livre n'est ni manichéen ni naïf.

Juste un conte magnifique qui propose une solution pacifique pour que deux peuples différents communiquent. L'existence même des échassiers menacent celle des plus petit. Pourtant, Sébastien Perez propose une belle résolution de l'intrigue, intelligente et poétique.

J'ajouterai que la langue est pittoresque avec des mots inventé pour décrire la flore qui évoquent immédiatement les plantes dessinées. L'accord entre le texte et l'image est parfait.



Encore une fois, je suis impressionnée non seulement par la dimension artistique du livre mais aussi par sa profondeur. Un récit simple, direct, qui touche pourtant à des thèmes très contemporains : l'écologie, l'incompréhension entre les peuples. Parfois, pour vivre ensemble, il suffit juste de faire attention à ceux qui nous entourent.




Alors, en cette période de fête où l'amour est parfois oublié au profit d'un consumérisme stérile, je vous propose un peu d'empathie. C'est gratuit, inépuisable et rend tout le monde heureux.


Le blog de Paul Echegoyen
http://paulechegoyen.blogspot.fr/

Le site de Sébastien Pérez :
http://www.sebastienperez.com/

 Le site de l'éditeur Seuil :
http://www.seuil.com/livre-9782021051018.htm

21 décembre 2013

Bleu mouillé et bleu vibrant à l'aurore




Sur le talus, quand la rosée du matinée flirte avec le brouillard, les mains glacées les pieds humides, je crapahute.

En haut, du bleu.
Profond à l'ouest. Les vestiges de la nuit qui plient bagage dans la précipitation.
À l’est, un bleu blanchi, délavé, presque transparent comme le roman.








Partout, de l'eau en suspension.

Sur l'étang embrumé, à la cime des arbres, sur l'herbe détrempée. Même au bout de mon nez.

La vallée est encore plongée dans la lumière blafarde d'un petit jour timide. Les montagnes, écrasantes, sombres, me toisent de leur vert sapin imposant, définitif.


Pourtant, pourtant, déjà, je le vois qui pointe. Je le sens qui réchauffe.
Bientôt, la foret devient or et les gouttelettes, diamant.

Tout brille, tout étincelle.










Ces photos ont été prises en septembre, au levé du soleil, dans les Vosges (à Saint-Maurice-sur-Moselle).

D'autres photos ici :
http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/10/des-chevaux-dans-les-pres.html

16 décembre 2013

Une initiation au nihonga pour avoir des pigments plein les doigts !



Pas besoin d'être un artiste pour prendre du plaisir à barbouiller ! Manipuler les pinceaux et les couleurs donnent une meilleure compréhension de la peinture et de la difficulté du travail de ceux qui choisissent cette voie. Fascinée par le nihonga (la peinture traditionnelle japonaise), j'ai eu le grand plaisir d'assister à une séance d'initiation. Une découverte formidable que je souhaite partager avec vous !


Faire pour comprendre


Priscilla Moore, jeune illustratrice de talent, a appris la technique traditionnelle du nihonga à l'université de Kyôto. Elle a sortit un magnifique livre intitulé « Fête et légende de Kyoto » paru dans la collection ART des éditions Nomades. Si elle n'est pas un maître de nihonga (il faut une dizaine d'années pour aspirer à ce titre), elle a assimilé cette pratique et l'a intégré à ses connaissances des techniques occidentales pour se l'approprier. Elle peut ainsi transmettre son amour du nihonga à des novices sans les effrayer par la discipline et l'engagement que cet art requière dans sa stricte pratique. Il s'agit donc d'une première approche, simple et ludique.




Je ne suis pas une artiste et, si j'arrive à dessiner sans me crever un œil, le résultat est, en général, d'une médiocrité affligeante. Cependant, j'ai un grand plaisir à apprendre et à tester. Nous étions un petit groupe de nanas motivées à profiter de cette initiation organisée à Paris dans les locaux sympathiques de Vivre le Japon. Si certaines étaient des illustratrices amateurs (et même une professionnelle, venue incognito), d'autres étaient, comme moi, totalement ignorantes, juste curieuses.

L'élève appliquée (à gauche) et Priscilla, en professeur pédagogue !

Le nihonga est une technique particulière car elle utilise des pigments naturels bruts sous forme de poudre. Il y a un pigment par couleur. Traditionnellement, ces pigments ne sont pas mélangés (comme de la gouache, par exemple) mais appliqués en couche superposée. Ce sont les effets de transparence et de surimposition qui permettent d'obtenir une nouvelle teinte.
Priscilla, en professeur pédagogue, nous a laissé une grande latitude dans notre approche, y compris celle de mélanger les pigments.


Nihonga : mode d'emploi !


L'objectif était de réaliser un petit format. Elle avait préparée une série de modèles qu'on pouvait reproduire ou adapter à notre guise. Connaissant mes limites, j'ai largement simplifié un des dessins proposée : une fleur de lotus.
Le support est du papier washi (un papier de riz très poreux) fixé sur une plaque de bois, nécessaire pour éviter que le papier ne gondole. Le dosage de l'eau est délicat !




Une fois le dessin tracé au crayon à papier, on peut passer les traits à l'encre de chine si on souhaite avoir des contours bien nets. Et après, on commence à utiliser les pigments.

Les pigments : le composant primordial du nihonga !

La colle animale diluée et prête à l'emploi !

D'abord, on choisit sa couleur. Les pigments proviennent de matériaux naturels broyés (coquillages, minéraux, terre...). La granulométrie varie donc en fonction du broyage. La matière peut être de texture sableuse ou totalement poudreuse, très fine, comme de la farine.
Plus la poudre est fine, plus la couleur obtenue sera claire.

Dans une coupelle en céramique, on met un peu de pigments. Ensuite, on ajoute un peu de colle animale et on mélange avec l'index. La colle animale (ici à base de peau de bœuf) est au départ sous forme de tige, comme un gros spaghetti. Elle est chauffée et diluée pour être sous une forme liquide un peu visqueuse qui va servir de liant et de fixateur aux pigments.

On ajoute aussi un peu d'eau au mélange, juste quelques gouttes.


Le doigt expert !


Ensuite, on peut peindre !

D'abord on mouille son pinceau puis on le passe sur un chiffon pour enlever l'excédent. Si on met trop d'eau dans la coupelle, le pigment dilué perdra de sa vivacité. On choisit la forme du pinceau en fonction de ce qu'on veut faire (pointu faire les traces d'une fleurs ou plat pour tapoter et faire le fond).
Entre chaque couche, il faut attendre que le papier sèche. Heureusement, le mini-sèche cheveux était là pour nous aider ! Il m'aura fallu presque deux heures pour terminer mon chef d’œuvre.

Priscilla a passé du temps avec chacune de nous, expliquant et montrant !


Le ninhonga nous apprend rigueur, patience mais nous aussi oblige à un certain lâcher prise. Il est presque impossible de maîtriser totalement l'interaction entre pigment, eau et papier, à moins d'avoir des années de pratique. Entre ce qu'on prévoit de faire et le résultat, il y a une différence notable. La goutte d'eau, l'intensité du pigment et l’absorption variable du papier sont autant de facteurs incontrôlables.
Comme dans la vie.
On apprend à concilier avec des effets inattendus ; on apprend à faire attention à ses gestes et à leurs conséquences. Il faut être précis et pourtant, malgré toutes nos précautions, le hasard est toujours là !


Mon travail en phase finale !


Si vous aussi vous voulez découvrir le nihonga, Valérie Eguchi organise des ateliers sur Paris : http://p.a.m.over-blog.com/

Article sur le livre de Priscilla : http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/09/kyoto-se-revele-dans-un-beau-livre.html

Article sur l'exposition d'Hiramatsu, peintre japonais :
http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/08/quand-un-japonais-rend-hommage-aux.html

6 décembre 2013

Le bestiaire merveilleux de Kazue Takahashi : trois livres pour (grand) enfant



 

Sur mes étagères, entre les romans japonais et la SF, il y a aussi des livres d'illustrations pour enfant. Le salon de la presse et littérature jeunesse de Montreuil vient de fermer ses portes et j'ai encore craqué ! J'ai compléter ma petite collection d'ouvrage tout doux de Kazue Takahashi.

Fumo Fumo, le compagnon idéal


Fumo Fumo est une créature étrange, ni chien, ni chat, ni rongeur. C'est un petit être mignon qui vivait jadis dans les nuages. Il aime être en compagnie de sa maitresse qui s'en occupe avec amour et beaucoup d'attention.

 Fumo Fumo est là, installé sur ses pieds quand elle travaille où juste à côté quand elle se promène ou jardine. Indépendant et cependant, bien présent dans la vie.

Fumo Fumo égaye le quotidien et respire la tendresse.


Kuma Kuma, l'ours solitaire



En quelques dessins flous et aéré, l'auteur nous raconte l’amitié entre un ours et un humain. Difficile de rendre avec les mots la subtilité et l'ambiance douce-amère de ces deux titres. Kuma Kuma habite une petite maison isolée et vaque à ses activités : se promener, se couper les ongles, boire du café. Le livre La vie de Kuma Kuma raconte une journée où l'homme part visiter son ami poilu. Celui Kuma Kuma et moi est le quotidien imaginaire de Kuma Kuma, vu par son ami humain qui ne peut lui rendre visite souvent.



Sensibilité japonaise


Avec poésie et lenteur, on regarde vivre cet ours tranquille avec ses petites habitudes attachantes, on regarde se tisser le lien entre Fumo Fumo et sa maitresse. Avec des dessins minimaliste et juste quelques phrases, Kazue Takahashi arrive à transmettre beaucoup d'émotions. Une série pour les parents mais aussi pour ceux qui, comme moi, apprécient la sensibilité japonaise.

Ces trois ouvrages sont une bouffée d'air frais, une émotion à la fois fragile et forte. Ils nous rappellent la relation magique entre l'homme et un compagnon à poils et surtout, nous enchantent la vie sans détail ni complication. Des décors quasi-absents, du blanc, quelques traits et pourtant, le ressentit est là.

J'avais acheté Kuma Kuma il y a bien des années et quand j'ai croisé sur le stand des éditions Autrement, au salon du livre de Montreuil, Mon étonnant Fumo Fumo, je suis repartie avec, un sourire aux lèvres. Et si, à la maison, je n'ai ni vrai Kuma Kuma ni Fumo Fumo, j'ai bien une bestiole pleine de poils qui s'appelle Sumomo !