25 juillet 2014

Sous le soleil d'Antibes




Je suis née à Nice. Je déteste (ou presque) la côte d'Azur, pourtant je la connais mal. Alors, quand ma copine Cécile, globe trotteuse, fraichement rentrée de six mois de périple , m'a dit qu'elle adorait Antibes, et qu'elle ferait volontiers le guide pour une grenouille ronchon pleine de préjugés, j'ai accepté l'offre.


Découvrir un lieu avec une personne qui l'aime, qui y vit et surtout dont les racines et les souvenirs d'enfance sont profondément enfoncées sous son bitume et dans le sable, change notre perception et la transforme d'un a priori négatif en une curiosité joyeux, ouverte, dorée comme ce soleil de juin. Ce lundi là, a arpenter la vieille ville d'Antibes, à déjeuner dans un restau familial végétarien et éthique, à profiter de la chaleur encore supportable et de l'odeur de l'iode qui imprègne tout, j'ai eu l'impression d'être très loin de Nice, très loin de mes impressions ambivalentes, de ma relation d'affection et de dégout qui colore chaque séjour sur la Côte d'Azur d'une demi-teinte étrange, d'un goût doux-amer.




Ici, je n'ai pas d'histoire, juste les mots de Cécile, enthousiastes et aimants. Lucide quand elle parle de la politique d'urbanisation et des aberrations habituelles de la Côte, son objectivité cependant n'entame pas mon plaisir. Je découvre une architecture radicalement différente de celle de Nice ou de Menton.
Les façades sont en grosses pierres brutes, les rues du centre restent larges, très propres avec leurs jolis pavés. On ne ressent plus l'influence italienne. Étrangement, je retrouve l'ambiance d'autres villes côtières de l'Atlantique. Le dénominateur commun : des constructions massives, fortifiée, pour lutter contre le sel et le vent. Une simplicité d'apparence, une franchise rassurante.






Bien entendu, les multiples boutiques et les restaurants attestent du flot de touristes. Je trouve quand même plus d'authenticité, plus de vie qu'à Nice. Antibes est moins tape à l’œil et moins factice. Je n'attends rien d'elle, je ne peux pas être déçu. Au contraire, je suis charmée. Même si nous sommes lundi et si certains rideaux de fer clos nous privent de lieux que Cécile apprécie, je ne regrette pas la promenade.
Après un crochet par Juan les Pins et une citronnade sur le bord de mer, je quitte l'endroit avec la ferme intention d'y retourner !



Pour les amoureux de voyage et les curieux, je vous recommande le joli blog de Cécile  : http://dessinemoiunailleurs.com

23 juillet 2014

もののあはれ - Mono no Aware Project #11



Sous un soleil voilé, du gravier sous mes pieds. À chaque pas, un chant sec et rugueux.
Je lis dans mes empreintes le récit doux amer d'une journée qui m'échappe.
Sur les pierres rongées par le sel, toujours des dates et des patronymes aux consonances italiennes.
Des écrits sans poésie qui claquent la fatalité. Des mots usés, tâchés par les larmes et l'oubli. Des souvenirs perdus dans les embruns et les rires des goélands.
Des écrits répétitifs et jamais vraiment identiques, autant de piqures pour ne jamais oublier notre mortalité.
Des écrits lancinants et mornes.


Je cherche une autres expressions. D'autres lettres.
Je cherches d'autres signes. Dans les interstices, dans les trous d'un fruit desséchés aux pépins agonisant. Dans les crevasses d'une souche.
Je cherches d'autres écritures, d'autres réponses, d'autres pistes.
Seule impermanence persiste.



Photo prise au cimetière du Château à Nice

18 juillet 2014

Vente aux enchères de la Nendoroid Miku Cheerful Japan en soutient au projet "Fukushima c'est eux et nous" qui accueille des enfants japonais pour un séjour en France


Ces enfants ont besoin de nous !

Il est possible d'aider les enfants de Fukushima : des bénévoles motivés ont fait venir l'année passée huit enfants de cette zone en France afin de leur offrir des vacances dans un cadre reposant et sain. L'expérience a été une réussite humaine. Ils recommencent cette année avec des objectifs plus ambitieux dans le cadre de l'association Alchemille.
Ces enfants ont besoin de notre soutien financier !


Fukushima, c'est eux et nous : un appel à la solidarité !



Malgré le silence dans les médias, malgré le déni du gouvernement japonais, les isotopes radiatifs continuent leur contamination invisible et mortifère. Mon sentiment d'impuissance n'a pas bougé d'un iota. Pire, il s'est doublé d'une émotion plus sombre : je me sens blasée, j'ai l'impression que la lutte est tellement inégale que rien ne pourra inverser le mouvement. Le Japon, embourbé dans des mensonges, redevient en apparence le pays d'avant le 11 mars, comme si tout était réglé, sans risque. Le regard est tournée vers les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, une aberration sans limite, une insultes aux populations obligées de vivre sur des terres irradiés. Pourtant, certains luttent encore ! Modestement, sans relâche et avec de l'intelligence. 

L'association Alchemille, dans le Vaucluse, s'occupe d'une action très simple : faire venir un petit groupe d'enfants de Fukushima en France, pour quelques semaines. Une parenthèse saine et heureuse pour des enfants dont le quotidien est assez inconcevable pour nous : en apparence tout semble « normal », comme avant, et en même temps, une violence indicible avec un risque vital pour leur santé s’immisce dans leur vie. 

C'est peu, faire venir huit enfants. Un geste qui pourrait semblait anodin, mais pour eux, il s'agit d'une soupape, d'un voyage merveilleux. Quand le Secours Populaire fait partir un week-end à la mer des loupiots qui ne connaissent que le bitume des cités, l'association leur offre un instant de bonheur, ouvre leur vision sur le monde, élargir leur champs des possibles, apporte de l'espoir et du rire.
Souvent, il faut peu d'effort pour donner beaucoup de bonheur à un enfant. Ce projet modeste qui ne touche certes que peu d'enfants est au cœur même de la notion de solidarité. Noyé sous les statistiques qui déshumanisent les catastrophes en empilant morts et blessés, on oublie qu'aider commence à sa porte. On oublie qu'un petit geste change la vie.


La goutte d'eau d'une grenouille



Pour soutenir financièrement ce projet j'ai choisi de vendre une des figurines de ma collection : il s'agit de la nendoroid de Hatsune Miku « Cheerful Japan » qui avait été mise en vente pour lever des fonds pour la Croix Rouge japonaise après la catastrophe du 11 mars 2011. La boite en carton a été dédicacée par Aki Takanori et Max Watanabe, respectivement les dirigeants et fondateurs de Good Smile Company et Max Factory. Le projet Cheerful Japan a récolté 74 millions de yens.
J'espère que la vente aux enchères de cette nendoroid permettra de donner un coup de pouce au projet et contribuer à la venue des enfants de Fukushima. En tout cas, je suis certaine que la petite Miku appréciera ce don, totalement dans l'esprit de sa création !
Merci de faire circuler le lien de la vente sur les réseaux sociaux !

Miku, à l'abri dans sa box doublement dédicacée !



Informations pratiques sur la vente :

Date de fin : 28 juillet à 12:26:53
Etat : Figurine neuve, boite neuve et encore scellée.
Pour les collectionneurs avertis, toutes les infos techniques sont là :
Voici un article sur cette petite nendo au grand cœur (les photos ont été prises avec la figurine de mon amie Virginie) : http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2011/09/metro-boulot-nendo.html
Si vous souhaitez être certain de l’authenticité de la dédicace, vous pouvez contacter Maritan de chez GCC via son blog ou son facebook.


Le projet "Fukushima c'est eux et nous" :
- Pour soutenir en donner de l'argent  : http://fr.ulule.com/fukushima
- L'article sur le blog d'Umiko qui a rencontré les enfants venus l'année dernière :



15 juillet 2014

Japan Expo : où comment j'ai rangé mes mangas et sorti mes pinceaux pour le nihonga



Cette année, Japan Expo a fêté ses quinze ans en grande pompe. J'ai découvert les mangas et l'animation japonaise en décembre 1999 avec la projection au forum des Images de Mononoke Hime en avant première mondiale. À cette occasion, j'ai rencontré dans la file d'attente Maï Lan, une fan acharnée et désireuse de partager sa passion. D'ailleurs, aujourd’hui devenue la CM de Good Smile en France. C'est donc sa faute si je suis tombée dedans ! Ma première convention fut l'Epita en 2000. Je me souviens aussi de la Japan Expo, à l'espace Austerlitz, dans une ambiance étouffante. Depuis, mes goûts et surtout le marché du manga ont radicalement changé.


Au milieu de ce super marché géant, vous prendrez bien une pincée de culture ?


Mon regard sur la culture populaire japonaise a bien évolué. Porte d'entrée qui m'a permis de découvrir un pays si loin et si proche, je ne renie pas mes premiers amours. Cependant, l'aspect du Japon qui me touche vraiment est à la fois plus profond, plus complexe et pourtant, très simple : sa spiritualité, ses contrastes et son impermanence, sans cesse rappelée aux hommes en raison de sa situation géographique. À mesure que mon amour pour le Japon s'est enraciné, qu'il est devenu plus discret dans le quotidien et plus puissant dans mon cœur, la culture populaire japonaise s'est trouvée, elle, sous les feux de la rampe.
Le succès indéniable de la manifestation Japan Expo l'atteste. D'un week-end de convention réservé aux passionnés, elle est devenue cinq jours d'évènement avec un rayonnement européen et une portée économique non négligeable pour les intervenants du secteur. Bref, une machine à fric diront les aigris et les nostalgiques. Quand je vois le déni totale sur la question de la contamination et l'incertitude qui plane toujours sur la centrale de Fukushima, je tends moi aussi à serrer les dents. Le Japon que j'aime, qui me touche n'est pas mis en avant à Japan Expo.


Etegami sur éventail et tsustugaki par Valérie Eguchi

Etegami sur éventail, détail
Pourtant, il est là, entre les lignes grasses tracées au fluo et agrémentées de paillettes. Il est là, discret, subtil, malgré le brouhaha et les couinements hystériques, malgré la mauvaise J-Pop qui se déverse par décibels dans les allées bondées. Malgré l'odeur de la nourriture vendues à des tarifs prohibitifs. Il est bien là, avec un espace dédié “wabi-sabi”, une scène culturelle et quand même de nombreuses boutiques, parce que l'argent est devenu le moteur de l'évènement, au détriment de la passion. Difficile de s'y retrouver pour des néofites qui n'ont jamais mis les pieds dans l'archipel et souhaitent s'offrir un joli objet japonais : comment discerner les produits des 100 yens shop made in China, vendus entre 10 et 20 euros, de ceux de l'artisanat traditionnel qui méritent de casser sa tirelire ? La chasse aux pigeons est ouverte.


Initier gratuitement au maniement des pinceaux !


L'année dernière j'étais présente à Japan Expo en temps que professionnelle pour une société japonaise. L'expérience éprouvante eut le grand mérite de me faire réfléchir à la direction que je souhaitais donner à ma vie. J'ai promis de ne jamais plus réitérer l'affaire ! Cette année j'ai opté pour le bénévolat : pas ou peu de responsabilité, pas d'argent en jeu et surtout pas d'attente réelle. Me voici donc présente sur le stand de l'association « Pigments et arts du monde » qui propose des cours de Nihonga et d'Etegami sur Issy les Moulineaux, dans la proche banlieue de Paris.




Mon amie peintre Priscilla Moore a étudié la technique picturale traditionnelle japonaise à Kyoto, elle l’a d’ailleurs utilisé dans un livre magnifique (a découvrir ici). J'ai rencontré par son truchement, Valérie Eguchi, la présidente de l'association. Toutes les deux ont animé des ateliers gratuits d'initiation durant les cinq jours de salon. Koyo Daire a elle donné des cours d'origami. Le stand était un large espace à la fois d’exposition et de découverte à ces techniques. Les visiteurs se sont succédés : des curieux sans aucune fibre artistique juste portés par l'envie de participer et d'essayer ces activités japonaises, ou des personnes déjà connaisseuses venues exprès. Vu les prix des billets d'entrée, je comprends que les visiteurs souhaitent profiter au maximum du salon et des cours offerts à titre gracieux !


La base du nihonga : des pigments naturels !

Priscilla en professeur patient est toujours là pour aider !
L'ambiance était à la fois décontractée et studieuse. J'ai rencontré d'autres bénévoles motivés - souvent appartenant à l'association - sans jamais me sentir étrangère ou inutile. Les visiteurs de passage m'ont charmée par leur politesse et leur intérêt sincère. Nous ne vendions rien sur le stand et je n'étais là que pour informer et proposer aux badauds de rejoindre les activités proposées. Pas de stress, pas d'attente, juste un échange humain chaleureux autour d'un amour commun pour le Japon et les arts.


Le stand de l'association "Pigments et Art du monde"

Les magnifiques fleurs de papier de Koyo Daire

Si je n'ai pas participé à l'initiation pour le nihonga (j'avais déjà eu le grand plaisir de tester à l'automne dernier), j'ai quand même testé l'etegami le dimanche en fin d’après-midi. L'étagami est une activité créatrice simple et à la portée de tous : il s'agit de dessiner à l'encre de chine sur une petite carte. Pas besoin d'avoir des compétences, juste de reproduire le modèle de fleur que Valérie avait mis à la disposition des élèves. Le principe est le suivant : dessiner et écrire un message pour un tier et lui donner. Outre le plaisir de faire avec ses mains, même quand elles sont récalcitrantes, le plaisir de l’étagami est aussi dans l’acte d'offrir. Comme souvent dans l'art japonais, l'étegami exerce notre regard aux petites choses du quotidien : dessiner des fruits, des légumes, des plantes nous rappelle le passage du temps et l'importance des saisons.

Malgré la fatigue du salon, cette séance d'étegami a été une parenthèse fraîche. En plus, je l'ai faite avec mon amie Maï Lan à qui je dois de m'avoir justement initiée à la culture japonaise. Le pinceau et son trait noir trace un pont avec le passé, un lien où l'affection perdure malgrè le temps qui file.


À l’abri dans dans sa coquille...

Japan Expo fêtait donc ses quinze ans d’existence. Mon intérêt pour le Japon lui n'est âgé que d'une douzaine années, je constate que nos évolutions sont bien différentes. Je n'ai plus l'incompréhension sonnée que j'avais ressenti en 2011,
ni la colère sourde en 2012 où j'avais simplement fait impasse sur la manifestation, ni la frustration de l'année dernière où j'ai compris mes limites et mon impuissance dans certains domaines.
Cette année, j'ai profité de Japan Expo en donnant de mon temps pour une activité que j'aime, pour des personnes que j'ai envie de soutenir. J'ai profité de l'avantage d'avoir sur un même lieu des potes qui habitent loin de Paris ; Japan Expo est l'évènement où je retrouve des copains, on fait le point sur nos vies et surtout, j'ai le grand plaisir de suivre leur travaux artistiques. Je regrette un peu la suppression du Comic Con qui élargissait la population présente aux fans de BD, de SF... Même si, au final, le repli "otaku" ne m'a pas trop dérangé. J'ai trouvé à Japan Expo exactement ce que je cherchais.

En plein travail !
Au cœur de l'etegami : le message à un proche



Il est devenu presque impossible de faire de nouvelles découvertes tant le salon est devenu immense, bruyant, et dense. Noyée sous des couleurs criardes, des sollicitions sensorielles intenses, je n'ai pas eu l'énergie pour m'ouvrir à l'inconnu ni aux étrangers, à l’exception des heures sur le stand, un petit havre de tranquillité familier et amical. Mon bilan de la JE 2014 est donc positif, avec comme conséquence inattendue que j'ai retrouvé l'envie de revenir dans d'autres conventions de taille plus modestes.



Mon étegami favori ! Je me suis sentie comme à la maison sur le stand dès que je l'ai vu !

Liens utiles :

- Le site de l’association “Pigments et Arts du monde” :
http://p.a.m.over-blog.com/

- Un article sur “Fêtes et légende à Kyôto” le livre de Priscilla Moore

- Autres article sur la Japan Expo  2011 :
- Japan Expo, c'était mieux avant ?!
-Petit compte rendu partial et subjectif de la Japan 1/2-Expo 
- Petit compte rendu partial et subjectif de la Japan Expo 2/2

8 juillet 2014

もののあはれ - Mono no Aware Project #10


Après des mois sans dégainer Pupuce (mon appareil photo), à subir une immobilisation forcée, mon retour à la vie et aux images s'est fait avec (encore) une expédition au Père-Lachaise.

Le vieux cimetière est une source perpétuelle de renouvellement, une cure de jouvence pour l'inspiration. À chaque saison, à chaque changement du temps et de lumière, il présente un visage différent. Les mêmes pierres rongées, les mêmes vitraux brisés, et pourtant jamais les mêmes ombres, jamais les mêmes textures, jamais les mêmes impressions.



De loin, peut-être, il semble immobile, fixe, limité. Borné par ses hauts murs de pierre. Mais, derrière l'enceinte, tout bouge, tout change. Le regard avide de détails, je le parcoure, hors des allées, entre les tombes sages et les mausolées grandioses pour des indispensables qui grignotent les pissenlits par la racine.



Sur les gisants tranquilles ou les simples blocs nus, la nature se charge d'orner les oubliés de ses présents gratuits et généreux. À l’abri, dans les cryptes poussiéreuses, les tisseuses décorent de leurs guirlandes fragiles de fils des colonnes, des ferronneries, des vases... Derrière l'enceinte, le cimetière devient un terrain d'exploration infini et heureux, timide et secret.


3 juillet 2014

Le petit loup rouge, d'Amélie Fléchais : un conte sauvage


Le petit chaperon rouge est l'un de mes contes favoris. Complexe et dérangeant, comme beaucoup de contes, il a fait l'objet de nombreuses relectures et adaptations. En voici une nouvelle qui sous des atours mignons et enfantins de livre d'illustration pour enfants transgresse les limites entre l'homme et l'animal et secoue la morale bien pensante.

Un louveteau fureteur !


Il était une fois un petit loup rouge qui devait apporter à sa grand-mère un lapin bien gras comme casse-croute. Son père le mit en garde de se tenir éloigner des humains, mais le petit loup rouge, confiant dans la forêt qu'il considère comme son jardin, joue et se perd, oubliant dans son désarroi les recommandations parentales. Amélie Fléchais reprend à sa guise la version de Charles Perrault et la transforme. On y retrouve une influence très contemporaine. La résolution de l'histoire m'évoque notamment les travaux d'Angela Carter. Amélie structure sa narration avec brio, la découpant en chapitres, l'agrémentant de flash-back, comme dans roman. Le texte est simple, direct, efficace. La grande poésie de cet ouvrage réside dans les illustrations.

Entre ombre et lumière


Amélie Fléchais est avant tout une poète de l'image, une surdouée de l'aquarelle, une magicienne des couleurs et des formes. Le petit loup rouge est une preuve concrète de sa virtuosité puisqu'elle change de style entre la narration principale et celle du conte dans le conte. Outre la magnificence des dessins, Amélie varie aussi les formats pour créer une dynamique. Les pleines pages avec des décors sublimes alternent avec des petits dessins joueurs et d'autres ovales, encadrés tels de précieux médaillons. Ce contraste est renforcé par celui entre les personnages, d'un style assez naïf, et les décors grouillants de détails, de textures surimposées avec des effets toujours subtils et doux.



L'auteur maîtrise toutes les ambiances, de la forêt accueillante à la maison du chasseur, un puits de ténèbres et de désespoir. Son pinceau juste donne le ton et illustre cette belle histoire, à la morale fine. Non seulement Le petit loup rouge évite l’écueil du manichéisme mais surtout, il diffuse un message lumineux en démontrant que la haine et le chagrin n'engendre que folie et malheur.

J'avoue, j'avais déjà un apriori très positif en ouvrant ce livre. Pourtant, il a quand même réussi à me surprendre et dépasser toutes mes espérances. Le petit loup rouge est attachant, intelligent, autant pour les enfants que pour les grands. J'ajouterai que l'objet lui-même est de très bonne facture avec une maquette de qualité et une couverture au graphisme délicieusement rétro.

Courrez-chez votre libraire !


Le signe d'Amélie Fléchais :
Interview d’Amélie lors du festival d'Angoulême :

La version du chaperon rouge par François Amoretti :