5 juin 2015

Entre Chien et Loup : une BD en deux volumes qui tabasse



Dans un monde médiéval où les démons ravagent les villages, les vampires semblent être les seuls protecteurs possibles, moyennent un paiement en liquide, évidement. Un homme refuse d'être aider par ces monstres et entreprend un nettoyage systématique, au grand damne des humains. Son objectif : traquer le Clan, un groupe de trois vampire particulièrement redoutable et puissant.

Humains, démons et vampires : la foire aux prédateurs


Entre Chien et Loup campe un univers médiéval où la peur gouverne. L'équilibre fragile, qui permet à l'humanité de survivre aux appétits voraces des démons, grâce à l’intervention des vampires, masque une réalité sordide. Korgan, le héro, n'est pas dupe : accepter la protection des vampires n'est pas une solution viable.

Chasseur de vampire solitaire, sa route croise celle d'un jeune prête exorciste idéaliste mais pas idiot, William. Tout les deux se retrouvent confronter aux manigances du Clan et de leur chef Kurt, qui possède une troublante ressemblance physique avec Korgan. William, déjà sanctionné par son ordre pour son attitude indépendante et sa tendance à adapter les règles à sa sauce, réalise au contact de Korgan à quelle point la situation est absurde.

Accorder la confiance aux vampires et accepter leur joug devient de plus en plus risqué ; d'autant que les membres du Clan ne sont pas liés aux mêmes limitations que les anciens vampires : ils ne craignent pas le soleil. Au sein de chaque race, des dissensions apparaissent et la survie de l'humanité paraît de plus en plus délicate.



 

Une première série très honorable


La série, achevée en deux tomes, est scénarisée par Florence Torta et dessinée par Morgil. BD d'action bien efficace, elle est enrichie d'un humour décalé et juste une pointe de drame pour qu'on s'attache aux personnages. Les dialogues sont simples, efficaces, comme un couperet. L'histoire qui mêlent intrigue politique et désir de vengeance, est étonnamment dense pour une BD de ce format et évite l’écueil des stéréotypes. Première BD pour la dessinatrice Morgil (même si elle a fait ses armes dans le milieu de fanzinat), le résultat final est fort sympathique. Le dessin de Morgil a un style très reconnaissable : élégant, dynamique, soignée et détaillé. La narration un peu raide au départ gagne en souplesse et fonctionne sur les code du comics. La grande lisibilité graphique aide à compenser les quelques maladresses. La mise en couleur très sobre, nous met dans l'ambiance sans jamais nuire à la lisibilité des scènes. Les effet de magie sont particulièrement bien traités, sans tomber dans les travers du « photoshopage » à outrance.




Un retour au fondamentaux : le vampire salopard !


Sortie à une période où les vampires brillaient et devenaient des princes pour midinette, les deux auteurs ont pris le parti de renouer avec la monstruosité des créatures de la nuit. Entre les vampires sanguinaires et les meutes de démons affamés, les humains pris entre deux feux apparaissent souvent comme des pleutres, pire, ils n'hésitent pas à joyeusement s'exploiter et à livrer leurs prochains dans l'espoir d'une courte trêve. Alors, si Korgean est un héro pas franchement sympathique, on comprend sa radicalité dans un monde rude où beaucoup ont abdiqué leur liberté et leur dignité. Le personnage de William apporte une touche de légèreté et surtout, les interactions entre les deux sont le prétexte à des échanges verbaux très fun
Les personnages attachants s'avèrent tous assez complexes. Leur psychologie et leur vécu bien travaillés leur donne une certaine profondeur avec des « méchants » crédibles dans leur objectif de conquête du pouvoir.


Entre chien et loup n'est pas une série révolutionnaire, cependant, distrayante, maline et franchement jouissive par moment, elle propose un monde de fantasy brutal sans être insoutenable, drôle sans être parodique. Voila dont un excellent divertissement en deux tomes. Au départ, la série devait être un trilogie mais les désidératas de l'éditeur ont obligé les auteurs à condenser le reste de l'histoire en un second et dernier volet assez dense. La fin est donc un peu abrupte. Mais c'est aussi cet aspect rugueux qui fait le charme de la série !

Morgil : http://obsidiurne.com
Florence Torta : http://jolyne9.deviantart.com/

Autre article sur le sujet :
http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2011/06/morgil-une-dessinatrice-qui-du-chien-et.html


Version à l'aquarelle des personnages principaux

1 commentaire:

  1. Le dessin est charmant pour une première bd, et ça a l'air tout aussi intéressant qu'est plaisante la lecture de ton billet.

    RépondreSupprimer

Merci beaucoup d'avoir laisser un commentaire ici !

Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne