19 février 2016

Love is in the air, chronique d'un New-York suranné en BD, par Lapone et Gihef




Greenwich Village, au début des années soixante. Une époque mythique qui prend vie de nouveau sous le trait d'Antonio Lapone et le récit pétillant de Gihef. Nous suivons les aventures rocambolesque et romantiques de Norman Oakes, un chroniqueur taciturne dont la vie est chamboulée par sa charmante voisine.

L'attirance des contraires et ses petites complications


Norman aime ses habitudes, le calme et la continuité. Il aime que rien ne bouge ou alors par trop vite. Il n'aime pas le bruit, le changement, la modernité et toutes ses petites révolutions qui bouleversent le quotidien. Alors, quand Bebe Newman, hôtesse de l'air et égérie de la PANAM s'installe dans son immeuble, juste au dessus de chez lui, le train-train de Norman vole en éclat. Fêtarde et insouciante, Bebe est un ouragan. A la fois élégante et sans-gène, naïve et volontaire, elle a le chic pour se mettre dans des situations inextricables. Bientôt, le pauvre Norman se retrouve happée dans les histoires abracadabrantes de la jeune femme pour une cohabitation remuante.

En effet, malgré son caractère bien trempée, Bébé demeure foncièrement gentille. Pour mettre à distance un ancien amant jaloux et envahissant, elle décide de feindre une relation avec Norman. Or, tout le monde sait qu'on ne badine pas avec l'amour.

Gihef nous raconte avec humour et distance le quotidien de Norman mais aussi de tout l'immeuble où il vit, dressant un portrait touchant de ses habitants. Du la concierge faussement taciturne à la maman qui gère seule un mouflet casse-pied, en passant par la mamie cougouar et à l'artiste égocentrique et ours, une galerie haute en couleurs de personnages secondaires donne vie à ce New-York au charme suranné

Pour le plaisir !


Le trait particulier de Lapone très anguleux, à la fois simple pour les visages et les silhouettes, et fouillé pour les décors, correspond parfaitement à l'esprit léger et rafraichissant de cette BD. La mise en couleur Anne-Claire Thibault-Jouvray présente des gammes de demi-teintes jamais criardes ni mollassonnes. Elle donne beaucoup de subtilité aux dessins. La narration, impeccablement maitrisée, emmène le lecteur dans une histoire assez téléphonée où pourtant on se laisse prendre au jeu. Les dialogues, fluides et décapants, s'adaptent parfaitement à l'humour de situation.
Love is in the air est parfaitement conçu pour détendre et divertir, sans tomber dans le travers du produit sans âme. La culture et la politique des années 60 est distillée avec soin, de sorte qu'on a quand même envie de ressortir un livre d’histoire sur la période, juste par curiosité. Là où certaines BD sont « fun » sur le moment et s'estompent vite de notre esprit, ce récit-là perdure, une douceur légère et agréable, une bulle de champagne, qu'on a envie de relire, juste pour le plaisir.

Si Love is in the air est un one shot, ce récit s'intègre dans une série «Greenwich Village » avec déjà prévu trois autres tomes qui se dérouleront dans le même immeuble et où on recroisera certains personnages. Si le premier est une comédie romantique légère, le second lorgnera plutôt vers le polar, le troisième vers le conte de Noël et le quatrième aura une dimension plus politique.
Nouveau venu dans le marcher de la BD, les éditions Kennes, surtout connu pour leur catalogue jeunesse, s'engagent sur la durée pour cette série. Un attitude de plus en plus rare qui mérite d'être soulignée.




Interview d'Antonio Lapone à propos de son travail sur Greenwich Village

Le blog d'Antonio Lapone 
http://laponeart.blogspot.fr


La BD sur le site de l'éditeur

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Marianne