30 juin 2017

Dialogue floral [journal #7 bis]



Les mots que tu ne m'as pas laissé dire, je te les ai écrits.
La blessure, l'impuissance, la frustration, le renoncement aussi.
Sur papier, coucher les faits, les émotions.
Sur papier, proposer une solution d'ouverture, une possibilité, même pas une demande.

Sans froisser.
Sans rendre les coups.

Dans la pénombre et le silence, je suis sortie de toi. 
Trop tôt. Pressée par l’impérieux désir de vie. 
Un lien de chair et de sang. 
Invisible. Indéfectible.
Le temps, les actes, les paroles tissent d'autres liens.
J'en coupe certains.

Une nouvelle fois, je sors de toi, de ton jeu, de ta réalité.
Sans fracas, dans la lumière, en douceur.
Je sors du silence sans un son.
Concise. Précise.
Une lettre état des lieux, un constat et un choix. Mon impuissance, l'impossibilité de communiquer. Alors, je me retire de la scène. 
Je ne disparaît pas, je demeure en coulisse, au calme et à l'abri.

Une simple lettre.
Beaucoup plus de sel que d'encre.
L'expression d'un besoin vital : être entendu.
Un papier plié alourdi de craintes, d'espoirs.
Une main tendue effrayée d'être tranchée.

Je repense au jardin d'une autre mère, à ses fleurs paisibles confiant leur secret, dans le soleil d'une après-midi de printemps. Au têtards grouillants dans le bassin. Au vent.
La lettre, dans le ventre d'une boîte, suit son chemin. Sur mon bureau, la preuve de dépôt attend de retrouver l'accusé de réception.
Des émotions contraires en suspens, fines et fragiles.
Des pétales transparents. De la vapeur d'eau bientôt dissipée au passage de l'été.



1 commentaire:

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Marianne