29 juillet 2010

Ikebukuro, Durarara etc...

Dédale de rues et de voies rapide entre 
le Metropolitan Plaza et le Sunshine

J'ai découvert la ville d'Ikébukuro avec le roman de Ishida Ira Ikebukuro West Gate Park. Lors de mon premier séjour au Japon, je voulais absolument voir les lieux mentionnés dans le bouquin, marcher dans les rues près du Sunshine, me perdre dans ce quartier à la fois populaire et chic où se mêlent otaku, jeunes en mode "rebelle" et salariés en costume et tailleur.
Cette année encore, cette ville m'a séduite comme un microcosme du contraste vivant de Tokyo.

A l'abri de l'agitation...

De retour sur Paris, un peu nostalgique, un peu décalée, je m'enfile les 24 épisodes de la série animée Durarara qui se déroule justement à Ikebukuro. Réalisée par l'équipe qui a bossé sur Baccano (avec toujours le comme créateur l'écrivain Ryohgo Narita), Durarara a la même pêche, le même sens graphique déjanté et une musique swing aux accents slaves assez déroutant.

Durarara  !
L'histoire, entre chronique et fantastique, suit une kyrielle de personnages en se focalisant surtout sur trois adolescents, deux garçons et une fille, qui deviennent amis. Ajouter à cela un personnage à la force surhumaine, une fée unseelie à la recherche de sa tête, un scientifique à moitié fou, un amour quasi-incestueux, des gangs rivaux et une joyeux bande d'otaku...

Cette galerie de portrait à faire tourner la tête est servie par une narration en zig-zag et en flash-back, totalement azimutée et qui pourtant ne perds jamais le nord ! Vous obtenez avec cette recette explosive une excellent série, divertissante, déroutante, et urbaine où les décors hyperréalistes sont un véritable voyage dans Ikebukuro.

Si le graphisme très dynamique et contemporain m'a immédiatement séduit, c'est le scénario et sa construction impeccable qui font passer cette série aux rang de petit bijoux. J'aime l'inclusion farfelue du fantastique, la variété des relations humaines du plus simple au plus complexe, du plus sain au plus pervers.

Le animate et le K-book, repères 
pour les otakus de tout poils

Et puis, grâce à une petite recherche sur le net sur la série, j'ai découvert qu'un hurluberlu a crée le même site web que dans l'animé, et surtout qu'il a repris le design pour créer un chat en ligne... qui fonctionne ! Là, j'avoue, je ne m'en remet pas.
Les animes abordent depuis quelques années des phénomènes sociaux actuels liés aux nouvelles technologies. Que ces-dites technologies soient utilisé par des geeks qui s'inspirent des animes, reprennent les graphismes et même les concepts pour les transposer dans notre réalités, là, c'est définitif. La fiction est totalement à la ramasse...

Un mec "cool" légèrement brute

14 juillet 2010

Matsuri !

Ce soir, nous partons pour Kyoto.

C'est le Gion matsuri, un des festivals les plus réputés du Japon qui attire foule de touristes. J'avoue, je crains que la chaleur et le nombre important de personnes ne gachent un peu le plaisir. Heureusement, Tanabata, le festival des Hôseki à Asakusa et depuis hier, le matsuri du Yasukuni me donnent déjà une impression juste de l'ambiance estivale japonaise.

Le Yasukuni éclairé de ses lanternes

Rien ne m'avait préparé à la débauche économique du Yasukuni où des rangés de stands de nourriture pillent le porte monnaie du chaland. Rien ne m'avait préparé à la faculté d'intégration inter-générationnelle, à la mission de transmission des traditions d'un festival. Les danses folkloriques sont certes souvent menées par moultes mamies en kimono, mais les jeunes, filles et garçons, sont aussi là. Ils apprennent les gestes. Et les parents dansent avec leur progénitures.

Danse traditionnelle

Une étrange combinaison entre les images d'Épinal du Japon avec des beautés gracieuses en kimono et de clichés "fashion" d'une extrême modernité avec des gamines bruyantes trop maquillées aux yukata clinquants. De quoi – presque – me dégoûter du rose et des fanfreluches.

Le plus marquant, c'est que les attractions restent comme figées dans le passé, avec la pêche aux poissons rouges (qui finiront probablement dans les toilettes) à l'aide d'une fragile épuisette de papier. Les stands de tirs de fléchettes ou le chamboule-tout. Des ballons remplis d'eau que l'on fait claquer dans sa main. Et pourtant, les lots pour les enfants se partagent entre le rose des pikachu, le bleu des doraemon et le rose pailleté de Hello Kitty.

Bouuuuuh...

Le Japon contemporain consumériste ne s'efface pas longtemps, il se greffe comme un parasite, ou un symbiote peut-être, sur des des gestes millénaires et des paroles répétés. Les uchiwa – éventail qui ne se replient pas – deviennent autant de support de publicité entre les mains aérienne des danseuses d'un soir.
Étrange, et pourtant un esprit toujours ancien hante ses festivals.
Le château hanté est tenues par des petits vielles. Une femme serpent qui attire les courageux en quête d'une frayeur bonne enfant.

Nous sommes bien loin du son distordue à fort volume et des lumières clignotantes de la Foire du Trône. Le festival se déroule dans un temple. Et même en filigrane, le lieu donne le ton.

Concentration maximale pour la capture !

8 juillet 2010

Une pause végétale...

Farandole d'hortensias

Voila, je suis presque à la moitié de mon séjour.

Mes journées sont bien remplies et j'avoue ne pas prendre le temps d'écrire autant que je le souhaiterai. Mais je n'ai pas envie de courir. Il m'aura fallu une bonne semaine pour me sentir à l'aise dans Tokyo, pour que la ville entre-ouvre la porte.
Maintenant, elle me laisse percevoir sa magie, son pouls tantôt serein tantôt frénétique.

J'alterne les journées "visite culturelle avec musée" avec celles de balade quand le temps le permet, et celles "immersion en milieu hyper consumériste" quand la chaleur et la pluie me poussent à chercher l'abri dans un immense centre commercial. Par goût, je préfère les promenades bucoliques dans la Shitamachi et les jardins. Même si ces derniers abritent des armées de moustiques à la trompe avide...



Les jardins sont une invitation pour tout photographe amateur ! D'ailleurs, il y a toujours des touristes japonais retraités armés d'appareil impressionnant avec d'énorme objectif qui prennent des clichés macro de fleurs. Même si l'été est la morte saison pour les fleurs, certaines nous offrent encore leur gracieux atours.
Maï m'a dit qu'avant de vivre à Tokyo, elle ne venait que pour les mois d'été et qu'elle trouvait la ville très très verte. Y vivre signifie apprécier le passage des saisons avec la succession des floraisons. Le célèbre hamani d'avril pour admirer les cerisiers en fleur n'est qu'un témoin d'un véritable goût, à la limite du culte, pour les fleurs.

Le hall d'un building de Akihabara
Jardinier du dimanche, je ne peux que m'extasier devant la beauté des jardins et le foisonnement de la végétation. Il faut dire que la pluie dispense ses bienfaits avec générosité. Le Japon est aussi le pays du parapluie !

Fleurs de Lotus à Ueno

5 juillet 2010

Éternelle dé/re-construction

Tôkyô est une ville en constant changement.

A la différence de Paris régit par un code de l'urbanisme et une flopée de bâtiments classés qui empêchent toute intervention sur le bâti, Tôkyô se construit, se défait pour se refaire.
Mon amie Maï Lan m'a raconté l'anecdote suivante : un des ses clients lui explique qu'il déménage car son immeuble est rasé. Mais pas d'inquiétude, six mois plus tard, il retrouve son apparemment tout neuf ! Le building a été reconstruit en un temps record. Inconcevable, absurde... Cela pique la curiosité !

Cieux câbles

Certes, les normes anti-sismiques évoluent, mais cette activité frénétique paraît quand même bien étrange. Il ne se passe pas une journée sans croiser une parcelle nue, une autre en cours de dé-construction et encore une autre avec de nouvelle fondations.
Des tours sont rénovées, et d'autres s'érigent avec d'immenses grues qui émergent d'entre les bâtiments et nous font un salut furtif. Des géants de métal étonnamment gracieux, rouge et blanc, tissent une toile urbaine sans cesse renouvelée.

Une maison en bois en cours de démolition

Une parcelle nue dans un quartier résidentiel

Une dalle fraîchement coulée !

Le séisme de 1923 et son catastrophique incendie a détruit la majorité des
vielles demeures traditionnelles de la ville basse, la Shitamachi. Les constructions de bois, les panneaux de papier et même les sols en tatamis demandent non seulement de l'entretien mais aussi d'être régulièrement changés. Ces maisons avaient donc un caractère partiellement éphémère bien différent de nos immeubles de calcaire.

Quand j'ai visité le guide de Shitamachi, la guide m'a confié qu'autrefois, le métier de charpentier garantissait d'être toujours avec du travail et des revenus convenables. Aujourd'hui, j'ai l'impression que le secteur du bâtiment se portent encore bien...


Activité matinale

Tôkyô vit, évolue comme un organe en régénération perpétuelle. Ainsi, les temples de bois côtoient des géants de verre et d'acier. La seule chose qui ne varie pas, ce sont les techniques ancestrales pour contrer les mouvements de la terre.
Ainsi, la nouvelle tour, la Sky Tree atteindra 634m – la plus haute du Japon – avec une structure copiée sur celle des pagodes, qui résistent depuis des siècles aux séismes. Ou comment faire du neuf, très très moderne, avec du vieux à toutes épreuves !


Tour en construction à Odaiba