12 décembre 2012

Protection, une fanfic sur la série Sherlock : chapitre 20 / 24


Liste des chapitres : 01 - 02 - 03 - 04 - 05 - 06 - 07&08 - 09 - 10&11 - 12 - 13&14 - 15 - 16 - 17 - 18&19 - 20 - 21 - 22&23 - 24 - bonus - épilogue

Encore quelques chapitres avant la fin de l'histoire ! Encore merci à tous ceux qui me suivent :)

Si vous ne connaissez pas excellentissime série de la BBC "Sherlock", voici un article pour commencer.


 Chapitre 20


Sherlock est avachi dans le sofa. Par habitude, j'ai allumé la télé, en fond sonore. Je la regarde peu, juste les informations et parfois quelques séries stupides pour me vider la tête. Sans Sherlock pour vociférer, regarder des trucs nazes n'avait plus aucun charme. Je me suis installé dans le fauteuil, le nouveau, les jambes étirées devant moi. La nuit est tombée. Il n'est pas très tard. Je suis surpris que Mrs Hudson ne m'ait pas téléphoné. Je me souviens alors que mon smartphone est déchargé. Je l'ai laissé dans ma veste. Ou peut-être dans la chambre ?
— Tu vas où ?
Sherlock s'est relevé subitement. Je secoue la tête.
— Je reviens. Juste charger mon téléphone.
Il est à vif. Plus que d'habitude. Je l'ai toujours connu d'un naturel agité, à part quand il cogite et qu'il suspend littéralement toutes ses autres fonctions, sauf celles nécessaires à sa survie. Mais là, c'est différent. Peut-être qu'il a vraiment besoin de parler. Même si c'est pénible. Soudain, je comprends que le long récit de la veille m'a allégé. C'était difficile, mais là je me sens mieux ; ma thérapeute avait peut-être raison sur ce point. Une fois que c'est sorti, ça va. Je n'avais juste pas envie de me confier à elle.

Je reviens dans la pièce. Il a changé de position. Il s'est assis avec les genoux repliés, littéralement encastrés sous le menton. Il est presque recroquevillé sur la gauche du canapé. J'hésite et choisis de m’asseoir à ses côtés. Immédiatement, il se détend. J'ai l'impression d'entendre le son de son corps, de ses articulations qui se dénouent, se relâchent. Je passe un bras autour de son épaule et, il vient se lover contre moi. Ce geste est si naturel, si juste...
Moi aussi, je sens une veille tension refluer de mon épaule, de mon bras gauche. Dans un murmure, Sherlock lâche :
— Je t'ai dis que je répondrai à ta question ce soir.
Je resserre un peu ma prise, m’installe confortablement. Le poste de télé émet une lumière dansante. Il a coupé le volume.
— Il n'y a aucune obligation. Cependant, si tu a envie de m'expliquer, je t'écoute.
Il lève ses yeux trop clairs, hésite et se tourne vers moi.
— Ce n'est pas très glorieux. Après la disparition de Moran, j'ai continué de chercher si je n'avais pas oublié une personne dans l'équation. Je voulais être certain qu'il n'y avait plus de risque. C'était ennuyeux. Je n'avais plus grand chose pour enquêter, j'avais épuisé maintes fois toutes les pistes, éclusé les indices, envisagé toutes les possibilités. Je voulais être certain, tu comprends ? Vraiment certain !
J'acquiesce. Je résiste à l'envie de glisser ma main dans ses cheveux. Si je le touche, je perds le contrôle du monstre.
— Comme j'avais de plus en plus de temps libre, la vie est devenue de plus en plus... déplaisante. J'ai recommencé à consommer des produits pour pouvoir dormir. Manger. Et puis, j'ai lu ton blog, demandé plus régulièrement de tes nouvelles à Molly. J'ai même quelques fois sollicité mon frère. Il fait une petite grimace comme s'il avouait un crime odieux ou qu'il se souvenait d'un truc nauséabond. Je crois que c'est à cette période, dans les cinq à six mois après le décès de Moran que j'ai commencé à aller... pas très bien...
Il se détourne, je le vois s’abîmer dans la contemplation du plafond. J'attends la suite. J'avoue que je ne sais pas trop où il veut en venir, rien de ce qu'il m'annonce n'est nouveau. Avec son caractère, ce n'est pas surprenant que s'adapter à une autre identité, étrangère qui plus est, serait difficile... Le silence s'étire jusqu'à devenir lourd. À voix basse, il reprend :
— J'ai compris que pour toi, j'étais mort. Tu avais ta vie.
La phrase tombe comme un couperet ; sa finalité me gêne. Elle me renvoie dans la figure mes velléités de deuils. Ma propre perversion à refuser d'abandonner la douleur de son suicide. Mon refus d'avancer. C'est maintenant qu'il est là, chaud et vivant contre moi, que je peux le reconnaître.
— Molly a plusieurs fois sous-entendu que tu arrivais à avoir des relations stables ; de plus en plus durables. Tu m'échappais, John.
Il inspire profondément.
— Je sais que c'est idiot ; je t'ai perdu quand j'ai sauté du toit. Mais je ne pensais pas survivre. Je ne pensais pas retrouver Moran et m'en tirer vivant. Je suis un excellent détective, je me débrouille en arts martiaux mais, face à un soldat, un mercenaire, je ne fais pas le poids.
Je le regarde, ébahi. Ce n'est pas l'accès de modestie qui me choque. Je n'en reviens pas qu'il dise, ainsi de but en blanc, ses limites, ses craintes.
— John, pourquoi crois-tu qu'on fonctionne si bien tous les deux ? Tu as des qualités qui s'accordent avec les miennes. Moran te ressemblait, ta morale et ton humanisme en moins. Bref, j'ai eu la trouille.
Il me jette un coup d’œil rapide, presque craintif, avant de nouveau d'admirer la peinture craquelée dans un coin au dessus de sa tête. J'ai entendu quand il m'a dit hier qu'il ne pensait pas s'en sortir contre Moran ; je n'avais pas réalisé qu'il pouvait se lancer dans une bataille où l'intellect ne serait pas décisif. Pour moi, la guerre est tactique, certes, mais physique aussi. J'ai toujours su que Sherlock avait des failles dans sa communication avec les autres, mais c'est con, je n'avais pas pensé à des faiblesse plus terre à terre... En même temps, il délaisse tellement sa santé...
— J'aurais aimé m'occuper de ce type personnellement...
— Oui, ça aurait simplifié les choses.
Il sourit tristement.
— J'ai failli revenir quand j'ai su que tu avais eu des relations avec... enfin, que ta sexualité avait évolué, mais comme tu semblais toujours décidé à te trouver une épouse et fonder une famille...
— Hein ? Je n'ai jamais spécialement...
Mon éclat de voix a le mérite de faire frémir sa commissure des lèvres. Et cette fois, enfin, il me regarde.
— Je sais maintenant. J'avais peur. Je me suis trompé. J'avais peur d'affronter ce que j'avais créé en disparaissant. J'avais peur de te blesser encore plus. Peur qu'il n'y ait plus de place dans ta nouvelle vie...
Il a parlé sur un ton monocorde, syncopé, comme la voix artificielle de l'horloge parlante qui récite sans comprendre. Et là, je sais que tout est sorti.
La place de Sherlock dans ma vie est comme ici à Baker Street. Elle est réservée, existante, qu'il soit là ou pas pour l'occuper. Je suis parti d'ici pour cette raison. Je ne supportais plus son absence, inscrite par tout, dans chaque m² de l'appartement. Je suis revenu parce qu'ailleurs c'était pire. Une solitude infinie, pernicieuse. Au moins, ici je savais. Je connaissais le terrain. J'avais circonscrit la zone insupportable. Sa chambre. La salle de bain du bas. Le reste, je pouvais survivre.

Je l'attire contre moi, dans une étreinte qui me rappelle celle de la veille. Ça tombe bien, le monstre de mon ventre est pour. Il rugit.
— Prend toute la place qui te chante – je sais que je regretterai ses mots dans quelques semaines ou quelques mois – je veux juste que tu sois heureux. Tu m'as tellement manqué...
— Mais tu ne m'écoutes pas ? ! Il se redresse, et me toise. Mon bras glisse sur le dossier du canapé. J'ai pris des mauvais décisions. Je me suis trompé. Plusieurs fois. Et je n'arrivais plus à faire machine arrière.
Sa voix vacille.
— Chut. Je t'écoute. Je ne fais que ça.
— C'est la lettre... C'est la lettre qui m'a fait revenir. Cette foutu lettre. J'ai eu tellement peur...
Il se ressaisit, et maintenant il y a une fièvre dans son regard, une colère dans cet horizon gris-vert. Je me demande ce que j'ai fait pour le contrarier. Je m'écarte un peu.
— Tu réalises ? Est-ce que tu réalises à quel point j'ai été lâche, John ?!
Et voilà, je me fait engueuler.
— Tu es mon seul ami. Et j'ai été incapable de...
Sa voix enfle comme l'orage. Ce tonnerre n'est pas pour moi. Ce n'est pas ma tête qu'il va foudroyer. Alors, pour éviter qu'il ne raconte des conneries, je l'embrasse. Sans douceur. Parce que je suis un peu en colère aussi. Contre cette attente insensée qu'il m'a infligé, qu'il s'est infligé ; contre sa faiblesse, et la mienne.
Je l'embrasse. Je le mords. Je l'envahis. Et dans mes bras, il hoquette, s'accroche à mes épaules. Gémit. Ses mains sous mon t-shirt. Dans mon jean. Sa peau contre la mienne. J'ai envie de sa peau. La chaleur de sa langue dans la ma bouche, sur mes lèvres, dans mon cou. Plus bas, ça risque l'auto-combustion. Vaguement, je me dis qu'il doit être toujours vierge. À moi. Envie de lui.

— Docteur Watson ? Je suis rentrée ! J'ai eu des nouvelles assez étranges, et je n'arrivais pas à vous joindre au téléphone... Tout va bien ?
La voix de Mrs Hudson résonne dans le couloir.
Nous nous figeons, horrifiés. Juste le temps de reculer, remonter le pantalon de Sherlock qui s'accroche sur son érection. Il tente frénétiquement de reboutonner mon jean quand la brave femme entre dans la pièce.
Un cri de surprise
— Ho mon dieu !!! Je suis navrée.
Elle se détourne. Et puis, la vision doit prendre son sens. Alors, tout aussi vite, elle virevolte et nous regarde, bouche bée. De l'hystérie dans la voix :
— Sherlock ? Oh mon dieu ?! Sherlock c'est bien toi.


Illustration d'Anne Jacques





3 commentaires:

  1. MMe HUDSON !!!!! c'est qu'on avait finis par l'oublier la pauvre
    J ADORE SON ENTREE EN SCENES
    MAGNIFIQUE VIVEMENT LA SUITE !!!!
    DOMY

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  2. AU FAITE BRAVO POUR LES ILLUSTRATIONS AUSSI !!!!!

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  3. Merci Domy pour ton commentaire !!
    La grosse blague : j'avais prévu de mettre le chapitre suivant aussi... et j'ai oublié ! Donc je le publierai demain :)

    Une fic de Sherlock ne serait pas complète sans Mrs Hudson !!!

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Merci beaucoup d'avoir laisser un commentaire ici !

Il s'affichera un peu plus tard, après sa validation.

Marianne